ÉDITORIAL N°5
L'impression
A la demande de Cédric, je vais consacrer ce 5ème éditorial à l’impression numérique. Ce sujet avait été abordé partiellement dans l’éditorial N°4 sur le noir et blanc.
Nous traiterons donc des problèmes liés à l’impression (ils sont nombreux), de la gestion des couleurs, de l’imprimante bien sur, et du flux de travail à l’aide des modules d’impression. J’ai aussi ajouté en extension un topo sur la présentation de nos photos, les formats et les problèmes d’encadrement. Pourquoi cette extension ? Et bien comme nous sommes membres d’un club photo et que notre activité principale est la production de clichés destinés à être exposés, je pense qu’il est souhaitable d’harmoniser nos méthodes de travail de façon à obtenir une cohérence dans la présentation. Celle-ci étant la touche finale de nos travaux.
L’impression à l’aide d’une imprimante numérique est assez difficile à appréhender et, disons le tout de suite, un peu casse gueule, même pour les photographes chevronnés. Le fait de dépendre entièrement d’une chaîne d’actions que nous ne maîtrisons pas toujours de bout en bout peut s’avérer frustrant voire décourageant.
Imaginez que vous avez réalisé « la photo du siècle » avec un post-traitement aux petits oignons et que, comme cela est souvent le cas hélas, votre tirage sur votre super beau papier fine art ne correspond pas du tout à ce que vous en attendiez
C’est ….rageant !
Pour pallier autant que possible ce problème, il convient de respecter quelques règles…. Et c’est ce que nous allons voir maintenant…
CALIBRER SON ÉCRAN
Pour éviter de s’éparpiller, nous allons considérer que chaque adhérent du club travaille sur le matériel mis à disposition par celui-ci.
Nous disposons donc de deux écrans de bonne qualité sans être non plus des foudres de guerre, mais il faut faire avec ce que l’on a. Côté fenêtre, un 24’’ Asus et côté couloir, un Eizo en 24’’ également. J’ouvre une petite parenthèse pour signaler qu’à mon avis, le moniteur Eizo est supérieur en colorimétrie et mériterait d’être relié à l’imprimante Epson Stylus pro3880. Pour que le flux de travail soit cohérent, il est préférable de travailler sur le bon écran, sur le bon PC et de connecter l’imprimante qui va bien et qui va nous servir de référence. L’autre Epson (Ecotank) n’est (à mon avis) pas assez performante pour le travail qui nous intéresse. Donc, il conviendrait soit de permuter les écrans soit de brancher la 3880 côté couloir avec le moniteur Eizo. Je précise que l’écran et le PC du milieu ne sont pas adaptés au travail photo.
Ceci étant dit, revenons au calibrage des écrans. Il est indispensable de travailler sur un moniteur bien calibré, avec des couleurs, une luminosité et un contraste adaptés à l’éclairage ambiant de la salle de travail. Pour cela, il me semble me rappeler que le club dispose d’une sonde de « calibration » mais je serais incapable de vous dire à quand remonte la dernière vérification du calibrage des écrans.
Disposant d’une sonde de la même marque mais plus récente, je me propose de le faire prochainement (si possible) sauf avis contraire.
Si vous travaillez chez vous en post-traitement, il est probable que vos photos n’auront pas le même aspect sur l’écran du club. C’est la raison pour laquelle j’insiste sur le flux de travail qui doit se dérouler entièrement sur le même matériel. Si vous avez la chance de posséder à domicile tout le matos nécessaire, c’est bien ! Sinon, il est préférable de fignoler le post-traitement au club en apportant les corrections finales sur le moniteur relié à l’imprimante.
BIEN GERER LES COULEURS
Nous allons parler ici de la gestion des couleurs sur PS (Photoshop) et sur LR (Lightroom) qui sont les deux logiciels de post-traitement qui nous intéressent.
Nous partons du principe que vos photos sont issues d’un APN Reflex numérique ou Hybride numérique et enregistrées au format RAW avec le profil de couleurs « Adobe RVB » ( ce qui peut généralement se régler dans le menu de l’appareil).
Sur Photoshop : Une bonne gestion des couleurs n’est possible qu’après un bon paramétrage des préférences. Il faut vérifier que PS travaille avec les bonnes règles de couleurs. C’est simple : Menu/édition/couleurs/règles de gestion des couleurs/les trois menus déroulants doivent indiquer : « conserver les profils incorporés ».
Sur Lightroom : La gestion des couleurs dans LR est très simple et réduite à la portion congrue tout en étant efficace. En effet, LR utilise le profil « Pro-Photo » qui est le plus grand espace couleurs disponible. Ce n’est qu’à l’exportation que vous pouvez choisir l’espace colorimétrique suivant la destination de vos photos. Exemple : Pour des photos destinées au web, choisir sRVB. Pour celles destinées à l’impression « Adobe RVB » ou « Pro-Photo » si l’imprimante le prend en charge.
Pour terminer avec la gestion des couleurs, idéalement, il serait bien de calibrer aussi l’imprimante mais là ….c’est assez contraignant. Il faut disposer d’un « Spectrocolorimètre » OUPS !! Cette technique est plutôt réservée aux labos professionnels.
Passons maintenant à la « bête »…
L’IMPRIMANTE
Notre Epson Stylus pro 3880 est une excellente machine mais, comme toutes les Epson, elle est assez coûteuse en fournitures. Le système de changement d’encre noire mat et brillante est long et compliqué ce qui la rend particulièrement gloutonne en encre. L’équivalant de dernière génération serait la SC-P900 au format A2.
Nous allons voir comment utiliser au mieux le pilote d’impression ainsi que les réglages à effectuer sur PS et sur LR.
A ce sujet, je reviens sur ma remarque dans l’édito consacré au N&B, le module d’impression de LR est beaucoup plus développé et convivial que celui de PS.
Dans tous les cas, que ce soit avec PS ou LR il faudra impérativement mettre votre photo aux dimensions d’impression. L’avantage de LR c’est qu’il s’en occupe tout seul comme un grand.
Sur PS : Image/taille de l’image.
Sur PHOTOSHOP : Après avoir mis l’image à la bonne taille, allez dans affichage/personnalisé. Dans le menu déroulant périphérique de simulation, sélectionnez le profil ICC de votre papier (laissez décoché « conserver les numéros RVB ». Mode de rendu : à choisir entre « perception » et « colorimétrie relative » suivant le rendu qui vous convient le mieux. Cochez la simulation du point noir et simuler la teinte du papier.
En cochant/décochant l’aperçu, vous aurez une idée du résultat final sur papier et pourrez effectuer éventuellement quelques ajustements en contraste par exemple. Une fois fait, allez dans fichier/imprimer. Les paramètres d’impression s’ouvrent… vérifiez que la 3880 est bien présente dans le menu déroulant. Choisissez la disposition (portrait ou paysage). Pour la gestion des couleurs, choisissez « laisser PS gérer les couleurs ». Dans profil de l’imprimante, renseignez le profil ICC fourni par le fabriquant de papier. Puis le mode de rendu (de préférence celui que vous avez indiqué dans affichage/personnaliser. Cochez la compensation du point noir et allez dans les paramètres d’impression.
Les paramètres d’impression vont vous demander de renseigner la qualité du papier utilisé, le type d’alimentation en fonction de la taille du papier, l’orientation etc. Ensuite, cliquez sur imprimer et….. PRIEZ !
SUR LR : Dans le module développement de LR, sous la photo à imprimer, cochez la case « épreuvage écran » puis, dans le module de droite en haut, cliquez sur « créer une copie d’épreuve ». C’est sur cette copie que nous allons travailler pour préserver votre photo originale. Indiquez le profil ICC de votre papier puis choisissez en cliquant alternativement sur perception et relatif ce qui vous convient le mieux. En règle générale, le mode perception est bien adapté aux photos couleurs, en N&B il faut parfois choisir. Enfin, cochez « simuler le papier et l’encre ». A partir de là, vous pouvez retravailler votre photo jusqu’à obtenir le rendu désiré. Sachez cependant que pour certains papiers (mats en particulier) vous aurez un visuel sur votre photo comme un peu diffus, avec un léger brouillard. En fait, il ne faut pas complètement en tenir compte, le résultat final sera, si vous cochez/décochez « simuler le papier et l’encre », entre les deux.
Passez maintenant votre épreuve écran sur le module « impression » vous remarquerez que LR vous a bien redimensionné votre photo. Allez en bas à gauche et cliquez sur « mise en page » là, vous devrez renseigner (toujours en vérifiant que la bonne imprimante est sélectionnée) la taille du papier, la source (bac principal ou autre) et l’orientation. Après avoir cliquez sur OK, intéressons nous aux panneaux d’impression à droite. Là, vous pourrez remplir les modules :
Style d’impression : En principe toujours « une seule image » Paramètres d’image : (adaptation par rotation) Disposition : Dans ce module, vous pouvez jouer avec la dimension et la taille des cellules. Repères : Il est intéressant de cocher « dimensions » ce qui fait que vous aurez l’affichage de la taille exacte de la photo dans un petit rectangle à gauche sur votre photo.
Allons directement sur le module « travaux d’impression » et renseignons « imprimer au format » : imprimante.
Résolution d’impression : Pour Epson, je mettrais 300ppp minimum voire 360 ppp. Netteté : Standard Type de support : mat ou brillant suivant le papier utilisé.
Dans gestion des couleurs :
Profil : profil ICC de votre papier Mode : relatif ou perception, répétez l’indication de l’épreuvage d’écran.
Décochez les réglages d’impression puis cliquez sur « imprimante » Vous avez accès au pilote de l’imprimante qu’il convient de renseigner de la même façon que sur PS.
Et voilà le moment tant attendu, vous allez introduire une feuille de papier photo dans le bac prévu pour elle, et accessoirement vérifier que l’imprimante est bien branchée et connectée au PC. Puis, vous cliquez sur « IMPRIMER »
En priant bien sur !
Après quelques bruits incongrus de galets d’entraînement votre papier va disparaître progressivement dans l’antre de la bête…… et adieux veaux, vaches, cochons noirs (et blanc bien sur) c’est parti !!!
Si vous avez respecté à la lettre les consignes, ça ne devrait pas trop mal se passer, mais, en particulier pour la couleur, quelquefois le résultat n’est pas celui attendu….. la faute à …….au calibrage de l’écran par exemple si vous n’avez pas bien suivi……
Pour mémoire, pour installer un profil ICC il faut le télécharger sur le site du fabriquant, extraire le fichier (profil icc ) faire un clic droit dessus et « installer un profil ».
Terminons avec ce chapitre très indigeste pour passer aux problèmes des formats et là….accrochez-vous !
LES FORMATS D’IMPRESSION & L’ENCADREMENT
Une chose que je me suis toujours demandée, c’est pourquoi se sert-on des formats de papier A4, A3 etc qui ont été inventés au 18è siècle par un scientifique allemand, alors que nous imprimons sur des formats issus d’appareils photo inventés au 19è siècle ?
Depuis le milieu du 20è, nos tirages sont issus des formats photos comme le 24x36 donc au ratio 2 :3 ou 3 :2 comme vous voulez., or le ratio 2 :3 permet d’imprimer en 10x15cm ou en 30x45cm mais pas en 30x40cm comme il serait de règle pour un encadrement harmonieux dans un cadre 40x50cm par exemple, ce qui laisserai un entourage de 5cm sur chaque bordure pour le passe partout ! Mais non ! Si vous utilisez une feuille A3 qui mesure, elle, 29,7x42 cm ça ne va pas ! Pour modifier cela, vous devez changer le rapport de votre photo au ratio 3 :4 et la redimensionner ou bien, accepter qu’un morceau soit rogné en haut ou en bas ! (Vous me suivez ?....)
Rappelons que pour obtenir un encadrement agréable à l’œil, il faut que la bordure du passe-partout ait la même taille sur les 4 cotés sauf dans les cas de photos au format carré ou autre. Dans tous les cas, il doit y avoir la même taille en haut et sur les cotés. Le bas peut être plus grand mais jamais plus petit.
Dans le cas qui nous intéresse, nous exposons avec des cadres 40x50. Il faudra donc penser à mettre votre photo au bon ratio ….ici
3 : 4, à l’imprimer à la dimension 29x39cm et à découper votre passe avec une ouverture de 28x38 cm ce qui vous donnera une bordure de 6 cm sur les 4 côtés du passe (vous me suivez toujours ?)
Je reviens un instant sur la découpe des passes car l’on voit trop souvent dans les expos des passes mal découpés avec des angles mal définis. Le matériel de découpe des passes est à la disposition de tous au club.
Et, pour terminer, je dirais qu’une couleur de passe unique pour tous serait bienvenue pour notre salon.
Bon…. c’est le moment d’aller prendre votre cachet d’aspirine, vous l’avez bien mérité.
Voila, c’est tout pour aujourd’hui, rendez-vous dans quelques jours pour une nouvelle aventure….où nous parlerons de….créativité !!
Cordialement à toutes et à tous,
Jean-François
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