Club Photo de Montargis

Échange & convivialité

 

ÉDITORIAL N°4 

LE NOIR &BLANC

Le N&B est un sujet qui me passionne depuis le début des années 60. C’est en 1962 que j’ai eu l’opportunité de participer à un stage photo organiser par Kodak.

Notre petit groupe de jeunes, j’avais 15 ans, déambulait dans les rues de Paris et précisément Place des Vosges avec un formateur de la  maison Kodak qui nous avait équipé d’un boîtier « Brownie Flash » au format 6X6 contenant des films Tri-x-Pan  en 620. (introuvable de nos jours).

Une fois les films développés, j’ai eu la grande fierté de trouver une de mes photos en couverture du magasine Kodak de l’époque. De quoi se la péter un peu quand même !

Dix ans plus tard,  et jeune marié, j’ai fait l’acquisition d’un Olympus OM1 d’occase et d’un agrandisseur « Durst » récupéré chez mon beau-frère. J’ai installé tout cela dans la seule pièce « occultable » de la maison …. Les WC …

C’est ainsi, que j’ai pu pendant quelques années m’initier au traitement des films et au tirage en  N&B.

Dans les lignes qui vont suivrent je vais vous parler de cette passion, de la prise de vue à l’impression, en passant par le traitement avec  bien entendu les moyens mis à notre disposition c'est-à-dire : le numérique. Mais avant cela, un peu d’histoire …..

 

VOIR en N&B

 La photographie N&B a été inventée au milieu du 19 è siècle et a largement dominé jusqu’aux années 1950 soit 100 ans. Puis, la couleur est arrivée et le N&B est devenu un peu marginal pour le grand public mais elle est devenue un Art pratiqué par les grands noms de la photo tels que : Avedon, Cartier-Bresson, Doineau, Adams, Brassaï, Ronis et bien d’autres. Par la suite, des photographes mondialement connus comme : Salgado, Linbergh ou le stagiaire de 1962 (je plaisante) sont passés du film au pixel sans regret…

Le N&B n’existe pas dans la nature mais il nous donne une certaine idée de la nature. Grâce à lui, notre imagination recrée un univers qui transporte l’esprit hors du temps. 

Un capteur numérique conçu pour la couleur est un avantage énorme pour le N&B. En effet, comme nous le verrons plus loin, il permet de modifier en post-traitement la luminosité des couleurs pour modifier la gamme des gris. 

Les grands Maîtres du N&B voient en couleur, comme nous, mais ils ont acquis la capacité d’imaginer une gamme de gris ce qu’ils saisissent au moment de la prise de vue. 

Alors, dans quels cas préférer le N&B à la couleur ? 

Et bien, la réponse n’est pas simple. Si vous vous trouvez devant un sujet très coloré et dont justement c’est la couleur qui lui donne un  intérêt, inutile d’utiliser le N&B. En revanche, si votre sujet présente des lignes graphiques et contrastées et que la couleur n’apporte rien de plus alors là…. oui… envisagez le N&B. Le sujet aussi est à considérer avant de choisir entre couleur et N&B. On peut tout imaginer en N&B, reportages,  portraits, natures mortes, paysages,  mais ce sont les jeux de lumières, de formes et de lignes qui feront le succès d’une image en N&B.

S’EXPRIMER en N&B 

Vous avez sans doute remarqué que je n’emploie pas le terme monochrome pour le N&B. Il est souvent désigné ainsi mais pour moi « monochrome » comme sont nom l’indique est synonyme  d’une seule couleur, pas forcément une gamme de gris ! 

Ceci dit, le N&B répond à des règles de composition plus intuitives que la couleur. 

Nous chercherons à exploiter les lignes et les motifs, à jouer avec les matières et les textures. Mais aussi, à oser les contrastes extrêmes. 

Fort de  ces éléments, vous pouvez chercher dans votre photothèque les photos qui sont susceptibles de faire un bon N&B. L’avantage énorme que nous avons sur l’argentique c’est que nous pouvons shooter toutes nos photos en couleur et décider après coup celles qui « méritent » une conversion en N&B. Mais je pense sincèrement qu’une photo destinée au N&B doit être pensée avant la prise de vue. Vous pourrez ainsi imaginer les points forts que le post-traitement va vous procurer pour sublimer votre photo.

 

L’ASPECT ARTISTIQUE 

Loin d’être restrictif, le N&B permet de faire preuve de créativité. Vous exprimez une vision du monde qui, d’une certaine manière, est faussée car la couleur a été retirée. C’est une  représentation « irréelle » de la vie. Ce n’est donc pas un hasard si les photographes les plus talentueux sont ceux qui  parviennent à interpréter la transformation de la réalité que le N&B produit. 

Le portrait, débarrassé de sa couleur gagne une intemporelle beauté. Un portrait N&B est extrêmement flatteur (quand il est réussi) qu’il soit en clair/obscur ou en High Key. 

 

COMMENT RÉGLER SON APN POUR LE N&B ? 

Et bien la réponse sera rapide…… : Comme pour la couleur !

Mais, il est indispensable de shooter en RAW car celui-ci contient toutes les informations brutes délivrées par l’APN et laisse beaucoup de liberté d’interprétation en post-traitement. 

Notez, que sur certains appareils, vous pouvez, tout en utilisant le format RAW,  programmer votre contrôle d’images (Picture Control) en N&B appelé aussi à tort monochrome (j’me répète). De cette façon, vous pouvez visualiser en N&B sur votre écran arrière mais le fichier RAW en post traitement s’ouvrira en couleur et ainsi vous pourrez le  convertir en N&B à votre convenance. 

Un mot sur la balance des blancs : Si celle-ci a beaucoup d’importance en couleur, elle est moindre en N&B. La régler en automatique donne en général de bons résultats. 

En ce qui concerne l’exposition, comme nous l’avons vu dans l’éditorial N° 2, il est important d’exposer le plus possible à droite de l’histogramme car la gamme de valeurs enregistrée dans cette zone est  plus riche que sur la partie gauche (tons moyens et sombres) et ainsi éviter la montée du bruit numérique. 

Pour terminer ce chapitre, un mot sur les filtres. 

Alors qu’en argentique N&B l’utilisation de plusieurs filtres était nécessaire pour modifier le rendu, en numérique, un filtre polarisant,  pour éviter les reflets indésirables, est suffisant. Les filtres ND à densité neutre servent aussi en poses longues. 

Voyons maintenant comment traiter la bête…….

 

LE TRAITEMENT DU N&B NUMERIQUE 

Tous les dématriceurs de RAW sont capables de convertir votre fichier RAW couleur en N&B avec plus ou moins de réussite. 

PS, ACR, LR DxO ou Capture One vont vous aider à les réaliser. 

Ma préférence irait vers les logiciels dédiés car ils ont été étudiés pour ne faire que cela !

Prenons par exemple SILVER EFEX PRO 2 qui fait partie de la suite logicielle de la « Nik Collection » et agit en temps que Plugin de PS ou de LR. Ce logiciel a été la propriété de Google qui a fini par le proposer gratuitement pendant quelques mois. Si vous l’avez acquis, comme moi,  durant cette période, vous êtes chanceux,  car maintenant il est vendu par DxO avec 7 autres Plugins plus ou moins intéressants au prix de : 149 €. De mémoire, cette suite est installée au club. 

Ce logiciel, lorsqu’il est bien maîtrisé, offre des résultats professionnels très convaincants avec la possibilité d’agir localement grâce aux U-points. C’est  certainement un des logiciels les plus performants,  ce qui en fait mon préféré. 

Néanmoins, vous pouvez obtenir d’excellents  résultats avec LR, ACR ou PS. Le contraste  local (clarté) de LR/ACR fait merveille dans le traitement N&B. 

La simulation de films, notamment des films argentiques, peut aussi donner de très bons résultats en N&B. Ce procédé est présent sur « Silver efex pro 2 »  mais aussi sur « DxO ». 

 

L’IMPRESSION 

Toutes les imprimantes jet d’encre peuvent imprimer en N&B mais certaines le font mieux que d’autres. Une imprimante disposant d’au moins 9 cartouches est souhaitable pour imprimer toutes les nuances de gris nécessaires. 

Celle du club (Epson R3880) est excellente. Personnellement, j’ai une vieille R2400 qui ne fonctionne pratiquement que pour le N&B. 

Notez que les tirages courants effectués par  les labos photos sur le Net ne donnent généralement pas de bons résultats. Seules les impressions sur papier Fine Art en labo professionnel méritent un détour. 

Pour l’impression N&B de qualité, il faut un papier avec une bonne main (300gr minimum). Mon choix irait vers les papiers « Baryté » et les «Photo  Rag mat ». 

Il est important de télécharger les profils ICC correspondants aux papiers que vous utilisez.(Un profil ICC est un fichier numérique d'un format particulier (extensions .icc et .icm) décrivant la manière dont un périphérique informatique restitue les couleurs).

Le choix du papier et de son profil ICC est déterminant. Pour ma part,  j’utilise du papier mat de chez « Hahnemühle » (Photo Rag Bright White 310 gr).

Là encore, c’est une question de goût personnel, ce papier est cher et doit être réservé aux expositions et concours. 

Satinés, mat ou brillant, c’est aussi une question de goût mais il est indispensable de choisir un papier qui restitue des noirs profonds et des blancs……blancs. 

Je ne m’étendrai pas d’avantage sur ce sujet  sauf pour dire que pour moi, le module d’impression de LR est de loin le plus intuitif et le plus complet.

 

Nous voici arrivés au bout de cet éditorial, vous l’avez compris, je suis carrément amoureux du N&B depuis mon plus jeune age….. 

Je considère que le N&B représente le summum de l’art photographique. 

A bientôt pour une prochaine étape.

Faites moi part de vos commentaires et de votre ressenti…. (Ou pas !) Et continuez à bien faire attention à vous.

Cordialement à toutes et à tous,

 Jean-François 

Mes sources d’inspiration : L’art du noir et blanc 2è édition  par Michael Freeman,.  Le monde de la photo, Compétence photo., réponse photo.

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